La composition des papeteries d'après les services fiscaux de 1916 à 1919
Dès la fin de la première guerre mondiale, le gouvernement Français décide de s'intéresser aux entreprises pour les faire contribuer à l'effort de redressement national, en cherchant en particulier celles qui se seraient enrichies pendant la guerre. Il met en place une Commission d'imposition supplémentaire pour les entreprises ayant bénéficié de la guerre.
Le chiffre d'affaire des papeteries est conséquent : 144 784 francs soit 339 829,49 euros actuels (conversion monétaire INSEE)
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Les propriétés de Léon Emile Gaillard en 1916
On y trouve l'historique des possessions de Léon Emile Gaillard : il possède pendant la guerre la papeterie de la Brugère à Nantheuil, une salle des fêtes à vocation cinématographique à Périgueux, et une maison d'édition plutôt déficitaire à Paris. Il se désigne sous les termes d' "éditeur " de " libraire " ou d' "industriel ". A noter, la papeterie de La Brugère lui vient de son père et il en possède la jouissance en indivision avec sa mère jusque dans les années 1920. Autre renseignement glané au fil du dossier, on apprend qu'en 1916, Léon Emile Gailard est mobilisé comme gendarme à Saint Yrieix, il y est encore en 1917, dans un autre document. Il ne semble pas être monté au front.
En 1919, il achète les papeteries des castilloux pour une somme de 375 000 francs de l'époque. (Image : En filigrane, on voit apparaitre le logo de la salle des fêtes de Périgueux, le cinéma de la rue Bodin)
Le contrôleur de l'administration fiscale décrit toutes les propriétés dans le détail, ici la Brugère.
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Achat de l'usine des Castilloux le 1er janvier 1919
Léon Emile Gaillard ne veut pas payer d'impôt de guerre supplémentaire
Il argumente avec le fisc pour démontrer que tous les bénéfices ont été réinvestis... Il signale par exemple avoir changé les vielles turbines à vapeur par des neuves et avoir modernisé le transport du papier par l'achat d'un camion. selon M. Gaillard, cela aurait permis de faire augmenter la production de 21 %. Toutefois l'agent du fisc n'y croit pas ! il fait remarquer que même si les moteurs à gaz sont plus puissants que les moteurs à vapeurs, il n'y a pas plus de machines et donc la production doit être identique, il n'est pas convaincu par les arguments de l'industriel.
Les stocks des usines et les papiers produits apparaissent dans le débat fiscal
On y trouve différents types de pâtes servant à faire le papier, le tout pesé pour l'année 1920, selon les deux usines : 310 tonnes de papier pour La Brugère, 361 tonnes pour les Castilloux soit 672 tonnes produites. A noter que selon l'industriel, la production normale devrait être de 840 tonnes, la guerre est passée par là, la demande a fléchi.
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On voit dans l'image suivante qu'effectivement la production est plus importante avant et pendant la guerre qu'en 1919.
Listes tous les arriérés non payés à la fin de la guerre aux papeteries
On peut ainsi voir que les papeteries ont des clients dans toute la France et même aux Etats Unis.
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A-t-il finalement réussi à échapper au fisc ?
Quant à savoir s'il doit cet impôt supplémentaire, il argumente longuement jusqu'en 1922 avec les autorités fiscales pour y échapper, en assortissant ses réclamations des factures des améliorations techniques et le camion acheté, qu'il essaye de sortir de ses bénéfices nets afin de minorer lesdits bénéfices, base de l'imposition que l'Etat prétendait lui faire payer. Il réussit à ne payer qu'une somme mineure de 2600 francs pour toute la durée de la guerre, alors qu'il se réservait annuellement un salaire de 3600 francs